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Sceau Maximilien 1er

Sceau cambraisien Maximilien 1er et son petit-fils Charles

(Le futur Charles Quint)

Nous sommes le 28 juillet 1514 donc presque 500 ans, 499 exactement

Un grand sceau pendant rond de 105 millimètres de diamètre en cire rouge orangé est appendu à un parchemin avec une solide queue de parchemin de cinquante millimètres de large ou plutôt cet acte est « scellé sur double queue ».

Ce parchemin se trouve aux archives hospitalières ; hôpital Saint-Julien sous la cote I B 53 ; fonds anciens de la bibliothèque municipale de Cambrai.

Sceau :

Maximilien Ier et son petit-fils Charles sur un trône double, d’architecture renaissance, sous une voûte, l’empereur et son petit-fils assis couronnés.

L’empereur revêtu du manteau impérial tient son épée dans sa main droite et porte un monde surmonté d’une croix dans la main gauche ; son petit-fils en manteau et en pourpoint, coiffé d’une barrette surmontée d’une petite croix, tient un sceptre en la main droite, la gauche embrassant la poignée de son épée restée dans son fourreau.

Les deux personnages, tout en faisant face au spectateur, sont légèrement tournés l’un vers l’autre.

Au-dessus de leurs têtes entre les deux voutes, la Toison d’or avec son agneau

De chaque côté du trône la croix de Saint-André en sautoir surmonté d’un M.

Dans le champ sont rangés en cercle onze écussons armoriés : Autriche, Hongrie, Castille écartelée de Léon, Dalmatie, Croatie, Autriche, Bourgogne ancien, Brabant, Limbourg, Luxembourg, Gueldre forment une espèce de cordon autour de l’écusson principal, la maison d’Autriche.

Le sceau de Cambrai est conservé avec succès dans une petite boite métallique fabriquée artisanalement pour le protéger

Il existe le même sceau aux archives communales de Lille certifiant une ordonnance concernant l’envoi et le minck du poisson de mer en la ville de Lille (Bruxelles le 26 février 1514).

Ce sceau de Lille s’est fendu et a été « recollé »

Notons que ce sceau lillois a été cassé après son identification par Demay datée de 1873

Ce sceau de l’empereur Maximilien et de son petit-fils est un tableau d’ensemble où l’artistique rejoint le politique. Tout un symbole ! Comme il est évident que Charles est l’héritier et le successeur de Maximilien et de ses possessions !

Une vingtaine d’années auparavant, nous trouvons pour les mêmes raisons le sceau de Maximilien et de son fils Philippe Maximilien présente son fils.

Ce fils devient souverain des Pays-Bas de fait en 1495 sous le nom de Philippe Ier d’Espagne (le Beau). Il mourut en 1506, donc maintenant place à son fils Charles, donc le fils de Philippe et le petit-fils de Maximilien

Contre-sceau : Pour plus de sécurité, on a pris l’habitude d’apposer un deuxième sceau au revers du premier, celui-ci est généralement plus petit.

Ici le contre-sceau mesure 69 mm de diamètre (tandis que le sceau a 105 mm de large) et est centré dans le bloc de cire.

Il s’agit d’un sceau de type armorial : écu aux armes de l’empire et de ses divers États, couronné et entouré du collier de l’ordre de la Toison d’or.

Le collier de la Toison d’or est un collier d’or composé d’une alternance de fusils et de pierres à feu (briquets) auquel était suspendue la toison d’un bélier.

L’ordre de la Toison d’or a été fondé à Bruges par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, en 1430

À la mort de Philippe le titre de grand maître de cet ordre revient en 1467 à son fils Charles le Téméraire Mais à la mort de Charles le Téméraire à la bataille de Nancy en 1477, son beau-père, Maximilien Ier de Habsbourg devient grand maître de l’ordre de la Toison d’or. Puis Philippe le beau et Philippe décédé, l’ordre reviendra à son fils Charles Quint.

Charles Quint en fit l’ordre le plus important de la monarchie habsbourgeoise et en fixa le numerus de chevaliers à cinquante et un en 1516.

Du coté français, il y eut deux tentatives pour créer un ordre de chevalerie, l’un par Jean le bon, avec l’ordre de l’étoile, l’autre par Louis XI l’ordre de Saint Michel, chevaliers limité au nombre de 36 au départ qui se réunissaient à l’abbaye du mont saint Michel

Cet ordre porté par les rois de France n’eut pas un grand succès.

L’ordre de la Toison d’or, éclatante réussite des ducs de Bourgogne relayée par les Habsbourg qui fut ensuite partagée entre les Habsbourg d’Autriche et les Habsbourg d’Espagne

Les deux ordres existent encore actuellement.

Pourquoi ce bel acte scellé ?

Ce sceau vient clore, c’est-à-dire sceller, un acte indiquant la propriété et témoigner de l’authenticité de l’acte écrit.

Lisons l’acte : « Maximilian par la grâce de dieu, […] empereur, roi de Germanie […] et Charles, par la grâce du même dieu, archiduc d’Autriche, prince d’Espagne […] confirment l’appointement passé devant le président et gens des comptes à Lille, entre le receveur de Bouchain et les dames de l’hôpital Saint-Julien, suivant lesquels lesdites dames de l’hôpital reconnaissent tenir de l’empereur les prés, bois, marais et terres qu’elles ont eus en la châtellenie de Bouchain et s’obligent à bailler homme vivant et mourant pour causes des héritages susnommés [...] 28 juillet 1514. »

CARTES vers 1500 : Différentes cartes avec des localisations peu précises et des oublis très surprenants) Toutes ces cartes sont issues du riche fonds René Faille des fonds anciens de Cambrai

Contexte historique

Maximilien de Habsbourg

Maximilien épouse (1477) l’héritière de Bourgogne, la duchesse Marie (1457_1482), l’enfant unique de Charles le Téméraire. Par ce mariage, il a la mainmise sur la Franche-Comté, tandis que la Bourgogne et l’Artois, détachés de l’héritage du Téméraire, sont accaparés par la France (car en compensation, la fille de Maximilien, Marguerite, est promise pour cela au dauphin du roi de France).

Il devient empereur et cède les Pays-Bas espagnols à son fils Philippe le Beau (1478-1506).

Théorie personnelle et tout à fait fausse sur le mariage de Maximilien et de Marie de Bourgogne… S’agit il d’une histoire de nez ? Les représentations des nez sont pourtant convaincantes

Philippe le Beau

Fils de Maximilien de Habsbourg et de Marie, duchesse de Bourgogne (la fille héritière de Charles le Téméraire), Philippe est né à Bruges en 1487. À la mort de sa mère, il hérita des Pays-Bas et par le traité de Senlis l’Artois, la Franche-Comté et le Charolais

Voici un sceau de Philippe le beau… avec son contresceau… Et quelques détails des sceaux…

En 1496, Philippe épouse la fille héritière des Rois Catholiques d’Espagne, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille plus connu sous le nom Isabelle la catholique

Leur fille héritière épouse donc Philippe, le fils de Maximilien, Jeanne d’Aragon (que l’on surnommera la Folle étant donné ses faibles qualités mentales). Charles est le premier fils des huit enfants de cette union. Vu l’état mental de Jeanne, Philippe devient le maître réel du pouvoir sous le nom de Philippe Ier, roi de Castille et du Léon

Voici les Titres de Philippe selon les territoires il est Philippe 1er ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ou 6

Philippe mourut prématurément de la fièvre typhoïde à Burgos en 1506, donc bien avant son père

Anne de Bretagne

Anne est finalement reconnue officiellement héritière du duché en 1487.

L’été de 1490, pour parer à un inévitable conflit avec l’ambitieux roi de France Charles VIII, Anne de Bretagne et ses conseillers recherchent des appuis militaires étrangers. Le moyen d’obliger réellement un monarque à défendre le duché est de signer un contrat indissoluble, c'est-à-dire un contrat de mariage. Maximilien de Habsbourg, veuf de Marie de Bourgogne est plus que favorable à un mariage avec Anne de Bretagne Anne consent à l’union avec le roi des Romains. Maximilien apparaît comme un allié solide sur le plan politique et militaire ; sur le plan personnel, cultivé, intelligent et protecteur des artistes, il ne déplaît pas à Anne. Le contrat est avalisé aux états de Bretagne le 16 décembre 1490. Les noces sont célébrées le 19 décembre 1490, trois jours après l’accord, à la va-vite et par procuration. Anne, duchesse de Bretagne, devient ainsi à l’âge de treize ans reine des Romains.

Une parodie de mariage

Maximilien, absent à son propre mariage, se fait remplacer par le maréchal de Polheim. Après la cérémonie religieuse en la cathédrale Saint-Pierre de Rennes et le festin et les divertissements présidés furtivement par Anne, celle-ci gagne ses appartements pour consommer le mariage devant témoins, comme l’exige la coutume. Son mari n’étant pas là, l’union charnelle est symbolique. Le maréchal de Polheim retrousse le bas de son habit et glisse sa jambe nue dans la couche d’Anne, après quoi il brandit la procuration de l’empereur devant les quelques témoins. Ensuite, il retire sa jambe et quitte la chambre sans dire un mot.

Ces noces curieuses seront bientôt l’objet de nombreuses plaisanteries…

La défection inattendue de Maximilien

Le roi de France Charles VIII (dit l’Affable), de par cette union, voit la France menacée.

Son royaume est bordé désormais à l’ouest et à l’est par son ennemi autrichien. Il décide de réagir par voie diplomatique), puis par voie militaire au printemps suivant (1491).

L’armée bretonne ne compte que douze mille combattants ; celle du roi de France en totalise cinquante mille… Sans renfort étranger, la duchesse n’a aucune chance de victoire. Aussi lance-t-elle des appels désespérés à ses différents alliés. Seule l’Angleterre consent à lui envoyer un contingent bien maigrelet. Du côté de « son mari » Maximilien, Anne ne voit rien venir. Retenu par la guerre contre les Flamands, Maximilien ne peut se déplacer.

La double déception de Maximilien

Anne épouse le roi de France le 6 décembre 1491 à Langeais.

Le sacre, les fastes du couronnement d’Anne et de Charles VIII à Saint-Denis le 14 février 1492, les solennités, l’entrée en fanfare dans Paris sont surtout destinés à faire savoir à l’Europe, en particulier à Maximilien, que l’union d’Anne et de Charles est la seule valide aux yeux de l’Église et du peuple.

Le lys de France accompagne désormais l’hermine bretonne. Maximilien est doublement lésé par la décision du pape. Il perd une épouse, mais pas seulement, Charles VIII, le roi de France, était en effet officiellement fiancé à sa fille Marguerite d’Autriche, depuis huit ans.

En 1492, Marguerite n’ayant que onze ans, les noces n’avaient pas encore été célébrées, et le pape consentit aussi à la rupture de leur union.

Charles VIII est rentré affaibli de sa seconde expédition en Italie, d’une vie de plaisir et de la mort de son fils Charles Orland suivie de deux autres enfants: il heurte violemment le front dans une galerie du château d’Amboise, sans y porter attention, tomba à la renverse Il rendit l’âme après neuf heures d’agonie. , il meurt le 7 avril 1498

Ce décès marque un grand tournant dans la vie d’Anne qui reprend en main les rênes de son destin, libérée de la tutelle française.

Louis d’Orléans, devenu entre-temps Louis XII, et Anne envisagent la possibilité de se marier. D’après les chroniqueurs de l’époque, le roi est même amoureux de la duchesse depuis plusieurs années. Quant à Jeanne, un peu jeune à vingt et un ans pour se condamner au veuvage et à condition de bien négocier son contrat de mariage, un roi constitue un très beau parti.

Le 8 janvier 1499, Anne de Bretagne épouse Louis d’Orléans devenu entre-temps Louis XII De cette union naîtra le 13 octobre 1499 Claude de France, la future épouse de François d’Angoulême le futur François Ier

Anne de Bretagne s’éteint le 9 janvier 1514 au château de Blois ; embaumée ; le service solennel est célébré le 15 février à ND de Paris et est inhumée à la basilique st Denis ; les cérémonies funèbres auront duré cinq semaines. Une partie de la population demande sa béatification.

Généalogie des Valois :tableau animé pour comprendre la succession des rois Valois directs puis la branche d’Orléans puis celle des Valois d’Angoulême.

Marguerite d’Autriche

Fille aînée de Maximilien et de Marie de Bourgogne, elle fut promise au dauphin de France, le futur Charles VIII à l’âge de deux ans.

Dix ans plus tard, Charles VIII la répudie pour épouser Anne de Bretagne, elle-même convoitée par Maximilien d’Autriche, son père. Ce fut un choc pour cette adolescente qui en gardera une marque indélébile.

Alors elle écrit ses malheurs et sa déception de n’être pas reine de France par une complainte Voici ces strophes en vers, n’oubliez pas que Marguerite n’a que Onze, douze ans…

Victime de la politique, Marguerite d’Autriche saura prendre sa revanche.

Maximilien, son père, conclut le mariage de Marguerite d’Autriche avec Juan d’Aragon, futur héritier d’Espagne. La cérémonie se déroule en mars 1493.mais six mois après, presque jour pour jour, l’infant d’Espagne meurt.

Le malheur s’acharna encore sur Marguerite : son mari meurt et elle perd l’enfant de cette union.

Le titre de reine d’Espagne lui échappe donc après le titre de reine de France.

Après des mois de négociation avec Philibert de Savoie, Maximilien marie à nouveau Marguerite. Le 4 décembre 1501, elle devient donc duchesse de Savoie, titre qu’elle conservera jusqu'à sa mort. Philibert de Savoie, malade, meurt en 1504. Elle restera deux années en Savoie, faisant ériger à sa mémoire un superbe monument funéraire à Brou près de Bourg-en-Bresse.

En 1506 elle rentre aux Pays-Bas, réside à Malines et appelée, par son père l’empereur Maximilien à prendre en main le gouvernement des Pays Bas pendant la minorité de Charles Quint, Elle prend en charge son neveu Charles…

Marguerite a le plus souvent le jeune archiduc à ses côtés pour les grands actes diplomatiques de l’époque pour les Pays-Bas

Alors elle valide les actes officiels du sceau de Maximilien Ier et de son petit-fils Charles ; la logique et la coutume demandaient pourtant de sceller du nom de Marguerite d’Autriche, duchesse et comtesse de Bourgogne, douairière de Savoie et gouvernante des Pays-Bas, comme elle le faisait avant 1510.

Marguerite d’Autriche (la tante presque mère de l’empereur) et Louise de Savoie (la toute-puissante mère du roi de France François Ier) signeront à Cambrai, ville libre d’empire et des Pays-Bas, qui fait office de terrain neutre, la paix de Cambrai qui mérite bien son surnom de « paix des Dames » le 3 août 1529.

Marguerite mourut le 30 novembre 1530 Elle fut inhumée à Brou.

Communication politique

Sur le sceau de Maximilien et Philippe, l’empereur présentait logiquement son fils.

Le sceau de Maximilien et de Charles est beaucoup plus solennel, il faut que l’on comprenne qui sera le successeur incontestable sur le trône, son héritier.

Nous sommes, avec ce sceau cambrésien de Maximilien et de son petit-fils Charles, en 1514 : Marguerite d’Autriche est gouvernante de nos Pays-Bas. Elle n’a qu’un seul objectif : réussir à ce que son neveu et filleul, déjà proclamé duc de Bourgogne et comte de Flandre le 18 juillet 1507, devienne le successeur incontestable de Maximilien, pour nos Pays-Bas.


Deux sceaux lillois très différents

Il existe deux ordonnances concernant l’envoi et le minck du poisson de mer en la ville de Lille ; l’une scellée le 5 février 1514 (comme celle pour les dames de l’hôpital Saint-Julien de Cambrai, du sceau de Maximilien et de son petit-fils) où Charles apparaît enfant d’une dizaine d’années, accompagnant son grand-père Maximilien ; l’autre scellée le 26 février 1515, sceau rond de 116 mm où Charles apparaît désormais adulte, archiduc à cheval, couronné et coiffé d’un casque cimé d’une touffe de paon, brandissant son épée…

Le 5 janvier 1515, à la demande des états généraux des Pays-Bas, Maximilien émancipe Charles.

Les Pays-Bas passent sous l’autorité du jeune homme, donc nouveau sceau. Marguerite s’efface et lui cède le gouvernement des pays bas.

À quinze ans, il est déjà titulaire de tous ces duchés, principautés ou royaumes et prêt à assumer par le hasard des héritages le plus improbable empilement de couronnes que l’Europe n’ait jamais vu sur une seule tête.

Dès lors, Charles appose son sceau personnel sur les actes officiels. L’enfant Charles est devenu adulte, chevalier combattant.

Le sceau de Charles enfant sous la protection bienveillante de son grand-père Maximilien, conservé aux fonds anciens de Cambrai, a donc été utilisé une des dernières fois en ce 28 juillet 1514.

La majorité de Charles, judicieusement et légèrement anticipée, ouvre la longue carrière politique de Charles de Gand, nommé à sa naissance duc de Luxembourg, devenant duc de Bourgogne et souverain des Pays-Bas sous le nom de Charles II (1515-1555) ; roi des Espagnes sous le nom de Charles Ier (Carlos I), roi de Naples et de Sicile (1515-1556).

Mais Il est resté à la postérité sous son nom d’empereur du Saint Empire romain germanique (1519-1558) : Charles Quint (Karl V), Quint signifiant cinquième en français moyen.

Exposé illustré de 169 diapositives souvent animées.

Page mise à jour le 12/10/2023 à 15h59

 

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