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A la découverte du patrimoine carniérois

Le 23 septembre 2016

André Dromard

En septembre 2015, André Dromard, maire honoraire et membre de la Société d'Émulation nous a accueillis au Foyer socioculturel de Carnières. L'occasion lui a été donnée de nous présenter le patrimoine local relativement dense et original au cœur de ce bourg. C'est donc dans la Maison du Mulquinier, restaurée en 1995 que nous sommes retrouvés. Cette demeure datant de 1817 nous rappelle l'intense activité textile très répandue dans le Cambrésis avec les caractéristiques architecturales traditionnelles : pignon sur rue, assemblage de briques représentant l' « arbre de vie », habitation perpendiculaire à la chaussée, « bloqure », grange au fond de la propriété... Les différentes activités exercées par la famille Gernez sont facilement imaginables : tissage et culture pour le mari, basse-cour et filage pour l'épouse. L'ouverture pratiquée dans le pignon nous fait prendre conscience que cette famille était également tenancière d'un estaminet, activité courante, mais sûrement peu lucrative.

À l'angle du dernier estaminet de la commune, près de la Maison du Mulquinier, nous apercevons la « ruelle », telle qu'elle est toujours appelée par les Carnièrois. Celle-ci a connu différentes appellations : ruelle à la Vigne, ruelle à l'Avoine ...mais également la ruelle Jehan Avaine au XV° siècle. La seigneurie de Carnières était la propriété du Chapitre Notre-Dame qui y avait installé une « mairie héritable » attribuée à la famille D’Avesnes. Dénommée désormais rue Pierre Strugeon, elle évoque la mémoire du jeune résistant Carnièrois abattu lors des combats de la Libération en septembre 44.

Dans un rayon de cinquante mètres autour de cette habitation, plus de dix estaminets étaient en activité au milieu du XXe siècle. Il faut reconnaître que la présence de deux, puis trois commerçants en « Vins et Spiritueux » avait incontestablement des retombées sur la gestion de ces estaminets. Les tenanciers étaient « tenus de brasseux », selon la formulation patoisante. En effet, les notables-commerçants étaient généralement propriétaires des locaux et des fonds de commerce. Du centre de la place, face à la mairie, nous pouvons observer une importante demeure, classée dans la catégorie des maisons de notables par les publications spécialisées. Il s'agit de la propriété d'un des commerçants précités, la famille Lemahieu. Près de celle-ci, débouche la rue appelée autrefois la rue Saint-Ladre, vocable évoquant la présence d'une maladrerie au XVI° comme l'évoquent des documents de l'époque. A noter, les bâtiments importants, siège de Maison Lelong-Lefebvre, commerçants en « futailles et tonnellerie en tous genres », comme l'atteste l'enseigne en faïence visible sur le fronton de l'édifice.

Nous nous dirigeons vers le nord et apercevons sur la droite, une vaste grange, aménagée en pharmacie. Cette dernière était la propriété de la famille Halle, autrefois commerçants en vins et spiritueux. Au cours de la première guerre, elle était utilisée par l'occupant comme salle de cinéma, le « Kino ». Selon les anciens, les Allemands donnaient aux enfants de la monnaie, des « féniques » pour assister aux séances de projections, le but étant bien sûr de remplir la salle !

À quelques mètres de là, deux constructions originales, style Art-Déco apparaissent : la Poste et la Salle des Fêtes. Si la première correspondait à un modèle-type de l'administration postale, la deuxième était le fruit d'un choix délibéré de l'administration communale. Le maire de l'époque Émile Dupont, socialiste engagé avait voulu doter sa commune d'un outil indispensable à la culture ; l'enseigne résume la motivation du magistrat « Œuvres postscolaires laïques ». Celui-ci a du faire preuve de persuasion, en effet une autre éventualité était suggérée par certains, celle de réaliser l'adduction d'eau dans la commune. Conçue pour le théâtre, cette salle bénéficie d'une acoustique exceptionnelle.

Non loin de là, nous atteignons la Voie de l'Ange. Il s'agit d'un tronçon de ce que l'on appelait autrefois le Tour de « par derrière les haies » appellation qui apparaît sur les anciens cadastres. Celui-ci était emprunté par les paroissiens lors des processions des Rogations. À Carnières, il avait une autre utilisation, particulièrement funeste. Il permettait en effet de conduire les enfants mort-nés et non baptisés au cimetière qui entourait à l'époque l'église sans passer devant celle-ci, et sans traverser le village ! … d'où la Voie de l'Ange.

Revenant sur la place, face à l'église, nous nous trouvons devant un ensemble de quatre bâtiments, certes hétéroclite sur le plan architectural, mais riche en anecdotes historiques. En 1787, les Chanoines du Chapitre prennent la décision de rebâtir le presbytère qui avait été détruit lors d'un gigantesque incendie quelques années plus tôt. A peine terminé, durant la Révolution, il deviendra non seulement l'habitation du curé constitutionnel Biache et de l'ex-prêtre instituteur Dron, mais aussi école communale et surtout siège de l'Administration cantonale pendant quelques années.

La Tour de l'église était le clocher de l'ancienne église démolie à la fin du XIXe siècle. A l'origine, il existait une flèche qui a été incendiée vers 1700. Au pied de la tour, une rosace gravée dans le gré évoque la signature des maîtres-maçons. Le nom du doyen apparaît : Bocq (pour Bocquet) et la date de construction : 1543. Jusqu'à la Révolution, dans la tour était installé le « cors de garde », chargé de surveiller le territoire, mais également de prévenir les habitants en cas d'incendie.

Accolée à la tour, apparaît l'église construite en 1893 par le célèbre architecte lillois, Louis-Marie Cordonnier. De renommée internationale, celui-ci a construit également la Basilique de Caudry, la Bourse de Lille, le Palais de la Paix à La Haye, la Basilique de Lisieux …

À l'intérieur, outre les vitraux, les huisseries, le chemin de croix relativement remarquables, on peut également observer la charpente peinte et dans la chapelle au pied du clocher un ensemble en plâtre représentant la Résurrection de Lazare, œuvre d'une Carnièroise Henriette Descat. Quelques pierres tombales sont fixées aux murs, l'une d'elle évoque la mémoire d'un jeune officier de Carnières, François Tellier décédé à Dresde au cours d'une campagne napoléonienne en 1813.

Nous terminerons notre découverte du patrimoine Carnièrois par la Mairie, construite sous la magistrature d’Édouard Déjardin en 1887. Il fallait construire à l'époque un édifice digne du statut de chef-lieu de canton ; le rez de chaussée était occupé par le greffier de justice et le secrétariat de mairie, quant à l'étage il servait de Salle des fêtes. Les normes de sécurité n'étaient pas les mêmes que celles d'aujourd'hui … C'est dans ces murs que se déroulaient, jusque dans les années 65, les célèbres Conseils de Révision !

La découverte du patrimoine Carnièrois est terminée, il nous reste à prendre conscience que sous nos pieds, à quelques vingt mètres de profondeur, un vaste réseau de carrières souterraines a fourni les pierres pour construire notamment les différentes églises qu'a connues notre village depuis le XV° siècle. Près de 800 mètres cubes de matériaux en ont été extraits sous forme de pierres équarries.


Page mise à jour le 27/12/2020 à 10h17

 

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