Mis à jour le 16/03/24
Vous êtes ici : Accueil Les Communications 2017 L'ostensoir d'or de Fénelon
49 530 visiteurs depuis le 12/05/14

L'ostensoir d'or de Fénélon

Le 1er juin 2017

Michel Dussart

Le 1' juin 1714, Fénelon fait à sa cathédrale de Cambrai, le cadeau fastueux d'un ostensoir en or massif. Cet ostensoir sera utilisé jusqu'en 1793. On en perd alors toute trace y compris dans les inventaires des biens nationaux.

En 1770, D'Alembert en fait la description dans son éloge de Fénelon : un soleil porté par deux anges qui foulent au pied plusieurs livres, dont le livre des Maximes des Saints du donateur lui-même. C'était pour D'Alembert un admirable acte d'humilité par lequel Fénelon disait sa soumission à la décision du Saint Siège. Cette interprétation ne fut alors pas contestée tant il était établi que Fénelon s'offrait sans réserve et de tout coeur au jugement pontifical.

Aussi bien, quand au début du 19e siècle, le cardinal Bausset, écrivant son histoire de Fénelon, interroge le chanoine Servois (membre de la Société d'Emulation). Celui-ci commence par le confirmer dans l'approche de d'Alembert. Mais, il est saisi d'un doute : l'acte d'ostentation constitué par le don de Fénelon, qui, depuis la condamnation de son livre, ne cherchait qu'à étouffer les querelles qu'il avait suscitées, ne correspondait pas avec les vertus de simplicité du prélat. Le chanoine Servois entreprend alors des vérifications, dont il donne ses conclusions dans le tome III des mémoires de notre Société.

Dans les archives, il a trouvé une lettre de Fénelon qui y écrit qu'il ne s'est jamais sorti de l'obligation de Bossuet pour l'avoir tiré de l'erreur. Le chanoine Servois conclut de cette lettre que Fénelon n'a pas dû tenir la conduite qu'on lui prête en 1714 ; qu'en conséquence il faut remettre en cause la description que d'Alembert fait de l'ostensoir, et en particulier qu'on n'y voyait pas le livre des Maximes foulé aux pieds. Puis, il cite une description de l'ostensoir que font deux témoins en 1790 faisant état d'autres inscriptions. Le chanoine Servois conclut que d'Alembert s'est fendu d'une légende.

En 1787, l'abbé de Querboeuf décrit l'ostensoir, certes différemment de d'Alembert, puisqu'il écrit que l'objet représente la Religion supportant le Saint-Sacrement foulant aux pieds deux livres aux armes du prélat, mais y signalant une représentation symbolique convergente. Bientôt, vers 1820, de nouveaux éléments invitent le chanoine Servois à revoir la question. En 1825 il a fini de constituer un faisceau de témoignages et de preuves irrécusables, dont il fait une liste détaillée et dont il conclut que l'ostensoir représentait ce que décrivent, même avec des divergences formelles, d'Alembert et de Querboeuf. Parmi ces témoignages, celui du cardinal Maury qui écrivait en 1810 qu'il avait tenu l'ostensoir entre ses mains en 1789, qu'il l'avait examiné à loisir, que l'ange qui en formait la tige foulait aux pieds plusieurs livres hérétiques, et que Fénelon y avait placé « Les Maximes des saints ».

Comment concilier le choix de ce message symbolique avec ce qu'on sait par ailleurs de la pensée de Fénelon ? Il en donne l'explication dans une lettre à Ramsey : il y déclare que l'Eglise n'a pas condamné le « Pur Amour » en condamnant son livre, mais qu'elle a eu raison de condamner la forme qu'il avait donnée à sa pensée si bien qu'il en a fait l'avorton de son esprit, et non « le fruit de l'onction du coeur » et qu'il ne voulait pas qu'il soit lu. Il eut tort de faire un ouvrage dogmatique, là où il ne devait y avoir que mysticisme. Un ostensoir semblable, portant d'autres inscriptions, a été offert par le cardinal Giraud à l'église métropolitaine.

Page mise à jour le 27/12/2020 à 15h31

 

Espace membre

S'identifier

Pour accéder à votre espace membre, vous devez être inscrit.

Statistiques

Aujourd'hui :

0 visiteur en ligne 0 visiteur en ligne
14 visiteurs aujourd'hui
14 Anglais 14

Records :

3 visiteurs simultanément
le 19/03/2024 à 5h40
- - - - -
24 visiteurs le 18/03/2024

Retour en haut